vendredi 14 août 2009

C’est pour ton bien – Alice Miller

Nous admirons ceux qui font de la résistance dans les états totalitaires, et nous nous disons : ils ont du courage ou une « morale solide », « ils sont restés fidèles à leurs principes », ou quelque chose comme ça. (…) la vérité : l’individu qui, au sein d’un régime totalitaire, refuse de s’adapter, ne le fait guère par sens du devoir, ni par naïveté, mais parce qu’il ne peut pas faire autrement que de rester fidèle à lui-même. Plus je me penche sur ces questions, plus j’ai tendance à penser que le courage, l’honnêteté et l’aptitude à aimer les autres ne doivent pas être considérés comme des vertus, ni comme des catégories morales, mais comme les conséquences d’un destin plus ou moins clément.
La morale et le sens du devoir sont des prothèses auxquelles il faut recourir lorsqu’il manque un élément capital. Plus la répression des sentiments a été profonde dans l’enfance, plus l’arsenal d’armes intellectuelles et la réserve de prothèses morales doivent être importants, car la morale et le sens du devoir ne sont ni des sources d’énergie, ni le terrain propice aux véritables sentiments humains. (…) Un individu qui a des sentiments vivants ne peut qu’être lui-même. Il n’a pas d’autre solution s’il ne veut pas se perdre. Le refus, le rejet, la perte d’amour et les outrages ne lui sont pas indifférents, il les redoute donc, mais il ne veut pas perdre son soi, une fois qu’il s’est formé.

chapitre : "l'éducation ou la persécution du vivant"

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