[à propos de la liberté dont on dispose, seul ou en couple]
"Soldier, un bel homme comme toi, t'as déjà été marié ?"
La tête de Soldier pivota lentement. Paupières mi-closes il examina sa voisine.
Enfin il dit : "Non, Hattie, j'ai jamais été marié. Si tu veux savoir, je n'ai jamais vécu avec une femme plus de trois mois. Comme des légions d'hommes noirs je n'ai jamais trouvé une femme noire capable de m’inspirer, de nourrir ma force intérieure, de me libérer pour parvenir à être moi-même, un homme dans ce monde infernal de blancs !"
Du coup Hattie se recula, et le front plissé, elle aboya : "Allez, vas-y, nègre, dis-le : toutes les femmes noires sont des connes et les blanches c'est le pied !"
Mama ne bougeait pas, raidie sur son siège. Soldier la fixa droit dans les yeux : "Non, je ne dirais pas ça. Beaucoup de femmes noires comprennent que des hommes noirs, condamnés à vivre dans cette fosse infernale où le blanc a le pouvoir de couper les vivres, de couper les services, de couper le fil de l'existence, ont besoin de leur aide. Il faut qu'elles combattent l'ennemi à leur côté, surtout qu'elles ne collaborent pas par sottise avec l'ennemi en l'aidant à détruire la famille noire. Celles qui ne comprennent pas ça et piétinent leurs hommes sont de pitoyables idiotes.
"Et les femmes blanches, je n'y ai jamais touché. Tout ce que je sais d'elles, je l'ai appris auprès de femmes noires qui les singent.
"Mais il m'a bien fallu regarder en face l'amère vérité : aujourd'hui un grand nombre de femmes noires s'attaquent à la virilité et aux rêves des hommes noirs, des hommes pris au piège. Elles se comportent exactement comme leurs sœurs arrogantes et ignorantes, ivres de liberté, l'ont fait autrefois quand l'esclavage a été aboli. Oui, comme elles, certaines femmes noires, des écervelées, aident encore l'homme blanc, sans pitié, criminellement, à couper les couilles des hommes noirs.
"Oui, le phénomène se produit à grande échelle et tant que ça durera les hommes noirs d'origine modeste continueront de marcher à l'aveuglette, les entraves aux pieds, dans le monde déroutant de l'homme blanc, rendus mentalement infirmes par des racistes blancs et des femmes noires irresponsables.
"La femme noire positive utilise son rayonnement, sa force, son pouvoir pour guider son homme vers un accomplissement de lui-même, pour renforcer son autorité, pour que ses enfants puissent avoir sous les yeux une image forte qui leur serve de modèle."
Le regard implacable de Soldier s'adoucit mais il continuait de regarder Mama qui s'impatientait sur sa chaise.
Soldier continua : "La femme noire négative est chez elle un tyran, ou elle tente de le devenir. De toutes façons, c'est alors un combat insensé sans que ces malheureuses femmes noires ne s'aperçoivent jamais de la terreur, de la souffrance sur le visage de leurs enfants quand leur papa s'effondre. La femme noire négative a peur de la femme blanche et la hait parce que l'homme noir, mal inspiré ou pas, déserte en masse pour la promesse de bras blancs compréhensifs." (...)
La tête de Soldier pivota lentement. Paupières mi-closes il examina sa voisine.
Enfin il dit : "Non, Hattie, j'ai jamais été marié. Si tu veux savoir, je n'ai jamais vécu avec une femme plus de trois mois. Comme des légions d'hommes noirs je n'ai jamais trouvé une femme noire capable de m’inspirer, de nourrir ma force intérieure, de me libérer pour parvenir à être moi-même, un homme dans ce monde infernal de blancs !"
Du coup Hattie se recula, et le front plissé, elle aboya : "Allez, vas-y, nègre, dis-le : toutes les femmes noires sont des connes et les blanches c'est le pied !"
Mama ne bougeait pas, raidie sur son siège. Soldier la fixa droit dans les yeux : "Non, je ne dirais pas ça. Beaucoup de femmes noires comprennent que des hommes noirs, condamnés à vivre dans cette fosse infernale où le blanc a le pouvoir de couper les vivres, de couper les services, de couper le fil de l'existence, ont besoin de leur aide. Il faut qu'elles combattent l'ennemi à leur côté, surtout qu'elles ne collaborent pas par sottise avec l'ennemi en l'aidant à détruire la famille noire. Celles qui ne comprennent pas ça et piétinent leurs hommes sont de pitoyables idiotes.
"Et les femmes blanches, je n'y ai jamais touché. Tout ce que je sais d'elles, je l'ai appris auprès de femmes noires qui les singent.
"Mais il m'a bien fallu regarder en face l'amère vérité : aujourd'hui un grand nombre de femmes noires s'attaquent à la virilité et aux rêves des hommes noirs, des hommes pris au piège. Elles se comportent exactement comme leurs sœurs arrogantes et ignorantes, ivres de liberté, l'ont fait autrefois quand l'esclavage a été aboli. Oui, comme elles, certaines femmes noires, des écervelées, aident encore l'homme blanc, sans pitié, criminellement, à couper les couilles des hommes noirs.
"Oui, le phénomène se produit à grande échelle et tant que ça durera les hommes noirs d'origine modeste continueront de marcher à l'aveuglette, les entraves aux pieds, dans le monde déroutant de l'homme blanc, rendus mentalement infirmes par des racistes blancs et des femmes noires irresponsables.
"La femme noire positive utilise son rayonnement, sa force, son pouvoir pour guider son homme vers un accomplissement de lui-même, pour renforcer son autorité, pour que ses enfants puissent avoir sous les yeux une image forte qui leur serve de modèle."
Le regard implacable de Soldier s'adoucit mais il continuait de regarder Mama qui s'impatientait sur sa chaise.
Soldier continua : "La femme noire négative est chez elle un tyran, ou elle tente de le devenir. De toutes façons, c'est alors un combat insensé sans que ces malheureuses femmes noires ne s'aperçoivent jamais de la terreur, de la souffrance sur le visage de leurs enfants quand leur papa s'effondre. La femme noire négative a peur de la femme blanche et la hait parce que l'homme noir, mal inspiré ou pas, déserte en masse pour la promesse de bras blancs compréhensifs." (...)
Hattie intervint soudain : "Soldier, t'as jamais été amoureux ?"
Il se raidit, parut songeur un instant.
Puis il dit : "Qui ne l'a jamais été, au moins une fois ? Je suis tombé dans le panneau un mois après avoir quitté l'armée en 1918. On s'est mis en ménage dans la 35è rue. Ca a duré trois mois comme je l'ai dit. Nous ne pouvions pas attendre que son divorce soit prononcé.
"J'étais jeune, des rêves plein la tête. J'étais persuadé que j'allais inventer quelque chose et devenir riche et célèbre.
"Une nuit de juillet, il faisait une chaleur étouffante, je suis allé acheter des bières fraîches. Quelque chose, je ne sais plus quoi, déclencha ce que je crus être une idée de génie, qui allait conduire à une invention si étonnante que le blanc devrait, sous la pression de l'opinion publique, inscrire le nom d'Edward Cato, un noir, dans les livres d'histoire.
"Bref, je suis revenu dare-dare sans les bières. Je l'ai soulevée dans les airs, je lui ai crié mon rêve. Puis j'ai remarqué l'air fâché sur sa jolie frimousse et elle m'a demandé, sèchement, de la remettre sur ses pieds.
"Sous le choc, j'étais là, les bras ballants, la bouche ouverte, quand elle dit : "Nègre, t'es pas cinglé ? Arrête de te monter la tête. Tu sais donc pas que si une de ces foutues idées valait un seul cent, un homme blanc y aurait déjà pensé. Alors dépêche-toi d'aller chercher nos bières et reviens vite, je meurs de soif."
"Mon idée je ne m'en souviens plus mais je me souviens de m'être retourné, d'avoir franchi la porte et de n'être jamais revenu.
"Et je n'ai plus jamais donné à une femme l'occasion de piétiner mes rêves, même un rêve impossible."
chapitre 8 – Mama porte le pantalon
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