vendredi 30 octobre 2020

Les années - Annie Ernaux (2008)

[mai 1968] 
    C’était un printemps pareil aux autres, avec un mois d’avril à giboulées et Pâques qui tombait tard. On avait suivi les Jeux olympiques d’hiver avec Jean-Claude Killy, lu Élise ou la vraie vie, changé fièrement la R8 contre une berline Fiat, commencé d’étudier Candide avec les premières G, ne prêtant qu’une attention vague aux troubles dans les universités parisiennes relatés à la radio. Comme d’habitude ils seraient réprimés par le pouvoir. Mais la Sorbonne fermait, les épreuves écrites du Capes n’avaient pas lieu, il y avait des affrontements avec la police. Un soir, on a entendu des voix haletantes sur Europe n°1, il y avait des barricades au Quartier latin comme à Alger dix ans plus tôt, des cocktails Molotov et des blessés. Maintenant on avait conscience qu’il se passait quelque chose et on n’avait plus envie de reprendre le lendemain la vie normale. on se croisait, indécis, on s’assemblait. On cessait de travailler sans raison précise ni revendication, par contagion, parce qu’il est impossible de faire quelque chose quand surgit l’inattendu, sauf attendre. Ce qui arriverait demain, on ne le savait pas et on ne cherchait pas à le savoir. C’était un autre temps.
    Nous qui n’avions jamais pris réellement notre parti du travail, qui ne voulions pas vraiment les choses que nous achetions, nous nous reconnaissions dans les étudiants à peine plus jeunes que nous, balançant des pavés sur les CRS. Ils renvoyaient au pouvoir, à notre place, ses années de censure et de répression, le matage violent des manifestations contre la guerre en Algérie, les ratonnades, La Religieuse interdite et les DS noires des officiels. Ils nous vengeaient de toute la contention de notre adolescence, du silence respectueux dans les amphis, de la honte à recevoir des garçons en cachette dans les chambres de la cité. C’est en soi-même, dans les désirs brimés, les abattements de la soumission, que résidait l’adhésion aux soirs flambants de Paris. On regrettait de ne pas avoir connu tout cela plus tôt mais on se trouvait chanceux que ça nous arrive en début de carrière.

    Brusquement, le 1936 des récits familiaux devenait réel.
    On voyait et on entendait ce qu’on n’avait jamais vu ni entendu depuis qu’on était né, ni cru possible. Des lieux dont l’usage obéissait à des règles admises depuis toujours, où n’étaient autorisées à pénétrer que des populations déterminées, universités, usines, théâtres, s’ouvraient à n’importe qui et l’on y faisait tout, sauf ce pour quoi ils avaient été prévus, discuter, manger, dormir, s’aimer. Il n’y avait plus d’espaces institutionnels et sacrés. les profs et les élèves, les jeunes et les vieux, les cadres et les ouvriers se parlaient, les hiérarchies et les distances se dissolvaient miraculeusement dans la parole. [...]
    On ne s’avisait pas qu’il n’émergeait aucun leader ouvrier. Avec leur air paterne, les dirigeants du PC et des syndicats continuaient à déterminer les besoins et les volontés. Ils se précipitaient pour négocier avec le gouvernement – qui ne bougeait pourtant presque plus – comme s’il n’y avait rien de mieux à obtenir que l’augmentation du pouvoir d’achat et l’avancée de l’âge de la retraite. En les regardant au sortir de Grenelle, articuler pompeusement, avec des mots qu’on avait déjà oubliés depuis trois semaines, les "mesures" auxquelles le pouvoir avait « consenti », on se sentait refroidis. On réespérait en voyant la "base" refuser l’abdication de Grenelle et Mendès France à Charléty. On replongeait dans le doute avec la dissolution de l’Assemblée, l’annonce des élections. Quand on a vu déferler sur les Champs-Élysées une foule sombre avec Debré, Malraux – que le ravage inspiré de ses faits ne sauvait plus de la servilité – et les autres, bras dessus, bras dessous dans une fraternité factice et lugubre, on a su que tout allait finir. Il n’était plus possible d’ignorer qu’il y avait deux mondes et il faudrait choisir. Les élections, ce n’était pas choisir, c’était reconduire les notables en place. De toute façon, la moitié des jeunes n’avait pas vingt et un ans, ils ne votaient pas. Au lycée, à l’usine, la CGT et le PC commandaient la reprise du travail. On pensait qu’avec leur élocution lente ou rocailleuse de faux paysans leurs porte-parole nous avaient bien entubés. Ils gagnaient la réputation d' "alliés objectif du pouvoir" et de traîtres staliniens, dont tel ou telle, sur le lieu de travail, allait devenir pour des années, la figure achevée, cible de toutes les attaques.
    Les examens se passaient, les trains roulaient, l'essence recoulait. On pouvait partir en vacances. Début juillet, les provinciaux qui traversaient Paris d'une gare à l'autre sentaient sous eux les pavés, remis à leur place comme s'il n'y avait rien eu. À leur retour quelques semaines après, ils voyaient une étendue de goudron lisse qui ne les secouait plus et se demandaient où on avait mis ces tonnes de pavés. Il semblait qu'il s'était produit plus de choses en deux mois qu'en dix ans mais on n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit. On avait manqué quelque chose à un moment, mais on ne savait pas lequel — ou bien on avait laissé faire.
[les années 80]

Selon notre désir et celui de l'État relayé par les banques et les plans d'épargne logement, on « accédait à la pro­priété ». Ce rêve réalisé, cet accomplissement social, con­tractait le temps, rapprochait les couples de la vieillesse : ils vivraient ici ensemble jusqu'à la mort. Emploi, mariage, enfants, ils étaient allés au bout de l'itinéraire de repro­duction scellé maintenant dans la pierre par des traites sur vingt ans. Ils s'étourdissaient dans le bricolage et la réfection des peintures, la pose de tissu mural. Le désir de revenir en arrière les assaillait brièvement. Ils en­viaient les jeunes qui, dans l'approbation unanime, pra­tiquaient une « cohabitation juvénile » à laquelle ils n'avaient pas eu droit. Autour d'eux les divorces pullu­laient. Ils avaient essayé les films érotiques, l'achat de lingerie. À faire l'amour avec le même homme, les femmes avaient l'impression de redevenir vierges. L'intervalle entre les règles paraissait se raccourcir. Elles compa­raient leur vie à celle des célibataires et des divorcées, regardaient avec mélancolie une jeune routarde assise par terre devant la gare avec son sac à dos buvant tran­quillement une brique de lait. Pour tester leur aptitude à vivre sans mari elles allaient au cinéma seules l'après- midi avec un tremblement intérieur, croyant que tout le monde savait qu'elles n'étaient pas à leur place.
    Elles retournaient dans le grand marché de la séduc­tion, se découvraient de nouveau exposées aux aventures du monde dont le mariage et la maternité les avaient éloi­gnées. Elles voulaient partir en vacances sans mari ni enfants et s'apercevaient que la perspective de voyager et d'être seule à l'hôtel les remplissait d'angoisse. Selon les jours, elles oscillaient entre l'envie et la peur de tout quitter, de redevenir indépendantes. Pour connaître son vrai désir et se donner du courage, on allait voir Une femme sous influence, Identification d'une femme, on lisait La Femme gauchère, La Femme fidèle. Avant de se décider à la séparation, il fallait des mois de nouvelles scènes conjugales et de réconciliations lasses, de conversations entre amies, d'annonces précautionneuses aux parents sur la mésentente du ménage, à eux qui avaient prévenu au moment du mariage, le divorce ça n'existe pas chez nous. Dans le processus de la rupture, l'inventaire des meubles et des appareils à se partager marquait le point probable de non-retour. On dressait la liste des objets accumulés en quinze ans :
    tapis 300 F
    chaîne hi-fi 10 000
    aquarium 1 000
    glace du Maroc 200
    lit 2 000
    fauteuils Emmanuelle 1 000
    armoire à pharmacie 50, etc.

On se les disputait, entre valeur marchande, « ça ne vaut plus rien », et valeur d'usage, « j'ai plus besoin que toi de la voiture ». Ce qu'on avait désiré ensemble au début de l'installation, qu'on avait été satisfaits d'obtenir et qui s'était fondu dans le décor ou l'utilisation quotidienne, retrouvait son statut initial, oublié, d'objet avec un prix.


[les années 90]

    L'anomie gagnait. La déréalisation du langage grandissait, comme un signe de distinction intellectuelle. Compétitivité, précarité, employabilité, flexibilité faisaient rage. On vivait dans des discours nettoyés. On les écoutait à peine, la télécommande avait raccourci la durée de l'ennui.
    La représentation de la société s'atomisait en « sujets », prioritairement sexuels, l'échangisme, les transsexuels, l'inceste, la pédophilie et les seins nus sur les plages, pour ou contre, mettaient sous les yeux des gens des faits et des conduites dont ils n'avaient pas la plupart du temps l'expérience personnelle et que, dans l'approbation ou le refus, ils supposaient répandus partout, sinon la norme. La confidence sortait du courrier anonyme des lectrices et des voix de la nuit d'Allô Macha, pour s'incarner dans des corps et des visages en gros plan dont on ne parvenait pas à détacher le regard, étonnés que tant d'individus osent raconter leur histoire intime à des milliers de spectateurs, heureux d'en apprendre autant sur la vie des autres. La réalité sociale était une rumeur faible couverte par l'euphorie de la publicité, les sondages et les cours de la Bourse, « l'économie repart du bon pied ».
    Parqués à l’hôtel Arcade de Roissy et refoules autant qu'il se pouvait par les lois Pasqua arrivaient necessairement du tiers monde et de l'ancien bloc de l'Est ceux qui éaient réunis sous l'appellation menaçante de « clandestins ». On avait oublié les « Touche pas a mon pote », « l'immigration, richesse de la France », il fallait « lutter contre l'immigration sauvage », « préserver la cohésion nationale ». La phrase de Michel Rocard sur la misère du monde circulait comme une évidence éblouissante, dont la plupart comprenaient le sous-entendu indicible, il y avait bien assez d’immigrés comme ça. Dans les idées refusées, it y avait celle d’être entres dans la société d'immigration. Durant des années les gens avaient continue de croire que les familles d'Afrique noire et du Maghreb entassées a la lisière des villes n’étaient que de passage, elles repartiraient un jour avec leur nichée d’où elles étaient venues, laissant un sillage d'exotisme et de regret, comme les colonies perdues. Ils savaient maintenant qu'elles resteraient. La « troisième génération » apparaissait comme une vague nouvelle d'immigration intérieure, qui enflait, encerclait les villes, submergeait les lycées de la périphérie, 1'ANPE, le RER du Nord parisien et les Champs-Élysées le 31 décembre. Une population dangereuse dont l'existence était toujours ignorée et constamment tenue à l'oeil, jusque dans son imaginaire — dont on s'irritait qu'il soit tourne ailleurs, vers l'Algérie et la Palestine —, dénommée officiellement « les jeunes issus de l'immigration », et au quotidien les Arabes et les Noirs, dans une version plus vertueuse les Beurs et les Blacks.
    [...]
    On signait des pétitions dont on oubliait le motif, et même qu'on l'avait signée, et qui donc était cet Abu-jarnal, bien en peine de le dire. Les gens se fatiguaient du jour au lendenain. L'effusion alternait avec l'atonie, la protestation avec le consentement. Le mot « lutte » était démonétisé, comme un relent du marxisme désormais ridiculisé, « défense » désignait d'abord celle des consommateurs.
    Des sentiments tombaient en désuétude, qu'on n'éprouvait plus, qu'il paraissait absurde d'éprouver, réservés à des temps inférieurs et des populations abusées, tels le patriotisme et l'honneur. La honte, la tehon, invoquée à tout bout de champ, n'était pas celle qu'elle avait été, juste une vexation provisoire, une blessure momentanée de l'ego — le respect, d'abord une exigence de reconnaissance par les autres de cet ego. « Bonté » et « bonnes gens » ne s'entendaient plus. À la fierté de ce que l'on fait se substituait celle de ce que l'on est, femme, gay, provincial, juif, arabe, etc.
    Le sentiment le plus encouragé était celui d'une dangerosité confuse qui avait pour figures floutées le « Roumain », le « sauvageon » des banlieues, le voleur de sac a l'arraché, le violeur et le pédophile, le terroriste basané, pour espaces les couloirs du métro, la gare du Nord et la Seine-Saint-Denis — un sentiment dont les émissions de TF1 et M6, les annonces des haut-parleurs, « attention des pickpockets sont susceptibles d'agir dans cette station », « signalez tout colis abandonné », accréditaient la réalité : l'insécurité.


[les années 2000...]

    Dans le brassage des concepts il était de plus en plus difficile de trouver une phrase pour soi, la phrase qui, quand on se la dit en silence, aide à vivre.
    Sur Internet il suffisait d'inscrire un mot clé pour voir déferler des milliers de « sites », livrant en désordre des bouts de phrases et des bribes de textes qui nous aspiraient vers d'autres dans un jeu de piste excitant, une trouvaille relancée à l'infini de ce qu'on ne cherchait pas. Il semblait qu'on pouvait s'emparer de la totalité des connaissances, entrer dans la multiplicité des points de vue jetés sur les blogs dans une langue neuve et bru-tale. S'informer sur les symptômes du cancer de la gorge, la recette de la moussaka, l'âge de Catherine Deneuve, la météo à Osaka, la culture des hortensia et du cannabis, l'influence des Nippons sur le développement de la Chine — jouer au poker, enregistrer des films et des disques, tout acheter, des souris blanches et des revolvers, du Viagra et des godes, tout vendre et revendre. Discuter avec des inconnus, insulter, draguer, s'inventer. Les autres étaient désincarnés, sans voix ni odeurs ni gestes, ils ne nous atteignaient pas. Ce qui comptait, c'est ce qu'on pouvait faire avec eux, la loi d'échange, le plaisir. Le grand désir de puissance et d'impunité s'accomplissait. On évoluait dans la réalité d'un monde d'objets sans sujets. Internet opérait l'éblouissante transformation du monde en discours. [...]
    Le clic sautillant et rapide de la souris sur l'écran était la mesure du temps.
    En moins de deux minutes se retrouvaient des copines du lycée Camille-Jullian, Bordeaux, classe de seconde C 2, 1980-1981, une chanson de Marie-Josée Neuville, un article de 1988 dans L'Huma. La recherche du temps perdu passait par le web. Les archives et toutes les choses anciennes qu'on n'imaginait même pas pou-voir retrouver un jour nous arrivaient sans délai. La mémoire était devenue inépuisable mais la profondeur du temps — dont l'odeur et le jaunissement du papier, le cornement des pages, le soulignement d'un para-graphe par une main inconnue donnaient la sensation avait disparu. On était dans un présent infini.
    On n'arrêtait pas de vouloir le « sauvegarder » en une frénésie de photos et de films visibles sur-le-champ. Des centaines d'images dispersées aux quatre coins des amitiés, dans un nouvel usage social, transférées et archivées dans des dossiers — qu'on ouvrait rarement — sur l'ordinateur. Ce qui comptait, c'était la prise, l'existence captée et doublée, enregistrée à mesure qu'on la vivait, des cerisiers en fleur, une chambre d'hôtel à Strasbourg, un bébé juste né. Lieux rencontres, scènes, objets, c'était la conservation, totale de la vie. Avec le numérique on épuisait la réalité.


[l'écriture du livre]

    Peut-être un jour ce sont les choses et leur dénomination qui seront désaccordées et elle ne pourra plus nommer la réalité, il n'y aura que du réel indicible. C'est maintenant qu'elle doit mettre en forme par l'écriture son absence future, entreprendre ce livre, encore à d'état d'ébauche et de milliers de notes, qui double son existence depuis plus de vingt ans, devant couvrir du même coup une durée de plus en plus longue.
    Cette forme susceptible de contenir sa vie, elle a renoncé à la déduire de la sensation qu'elle éprouve, les yeux fermés au soleil sur la plage, dans une chambre d'hôtel, de se démultiplier et d'exister corporellement dans plusieurs jeux de sa vie, d'accéder à un temps palimpseste. Jusqu'ici cette sensation ne l'a menée nulle part dans l'écriture, ni dans la connaissance de quoi que ce soit. Comme les minutes qui suivent l'orgasme, elle donne envie d'écrire' pas plus. Et, d'une certaine façon, effaçant les paroles, les images, les objets, les gens, elle préfigure déjà, sinon la mort, du moins l'état où elle sera un jour, s'abîmant, comme le font les très vieux, dans la contemplation — plus ou moins floue à cause de la « dégénérescence maculaire liée à l'âge » — des arbres, de ses fils et de ses petits-enfants, dépouillée de toute culture et de toute histoire, la sienne et celle du monde, ou alzheimerienne, ne sachant plus quel jour ni mois ni saison on est.
    Ce qui compte pour elle, c'est au contraire de saisir cette durée qui constitue son passage sur la terre à une époque donnée, ce temps qui l'a traversée, ce monde qu'elle a enregistré rien qu'en vivant. Et c'est dans une autre sensation qu'elle a puisé l'intuition de ce que sera la forme de son livre, celle qui la submerge lorsque à partir d'une image fixe du souvenir — sur un lit d'hôpital avec d'autres enfants opérés des amygdales après la guerre ou dans un bus qui traverse Paris en juillet 68 — il lui semble se fondre dans une totalité indistincte, dont elle parvient à arracher par un effort de la conscience critique, un à un, les éléments qui la composent, coutumes, gestes, paroles, etc. Le minuscule moment du passé s'agrandit, débouche sur un horizon à la fois mouvant et d'une tonalité uniforme, celui d'une ou de plusieurs années. Elle retrouve alors, dans une satisfaction profonde, quasi éblouissante — que ne lui donneras l'image, seule, du souvenir personnel —, une sorte de vaste sensation collective, dans laquelle sa conscience, tout son être est pris. De la même façon que, en voiture sur l'autoroute, seule, elle se sent prise dans la totalité indéfinissable du monde présent, du plus proche au plus lointain.
    La forme de son livre ne peut donc surgir que d’une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l’époque, l’année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent – les raccorder de proche en proche à d’autres, s’efforcer de réentendre les paroles des gens, les commentaires sur les événements et les objets, prélevés dans la masse des discours flottants, cette rumeur qui apporte sans relâche les formulations incessantes de ce que nous sommes et devons être, penser, croire, craindre, espérer. Ce que ce monde a imprimé en elle et ses contemporains, elle s’en servira pour reconstituer un temps commun, celui qui a glissé d’il y a si longtemps à aujourd’hui – pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l’Histoire.
Ce ne sera pas un travail de remémoration, tel qu’on l’entend généralement, visant à la mise en récit d’une vie, une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l’imaginaire des jours passés du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu’elle a connus et qui ne sont rien, auprès de ceux qu’auront connus sa petite-fille et tous les vivants en 2070. Traquer des sensations déjà là, encore sans nom, comme celle qui la fait écrire.









 

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