jeudi 31 mars 2011

Paradoxia - Lydia Lunch

Los Angeles, une étendue sans fin de bâtiments divisés en quartiers périphériques, un quadrillage massif qui s’étalait en encerclant Hollywood, la Mecque frauduleuse des aigrefins égoïstes. Tout le monde à Hollywood est un filou en puissance, ou cherche à le devenir. La ville est pavée de cœurs brisés, de rêves bafoués et d’espoirs anéantis. Tout le monde attend ses quinze minutes de célébrité, sans se rendre compte que cette brève rencontre avec la gloire polluera les restant d’une vie torturée par une tourmente quasiment insupportable, leur karma pleurant ce qui aurait pu être, ce qui aurait dû être, ce qui ne sera jamais.
L’histoire de cette ville – la violence aveugle, les fusillades au volant, les tireurs embusqués le long des autoroutes, les tueurs en série, les sectes religieuses, le taux de mortalité – tourne autour de l’éternelle possibilité que quelque chose de plus grand soit à la portée de chaque sangsue, de chaque paumé, de chaque miséreux. Hollywood a créé une Sodome avec l’aide d’une machine économique qui se nourrit des os broyés d’offrandes sacrificielles. Sa richesse obscène, sa célébrité imméritée, ses trésors cachés, tout cela côtoie une pauvreté désespérée dont l’étendue est toujours ignorée, refoulée, évitée. C’est la racine de tout le mal qui prospère, gonflant sa panse infectée.
Moi aussi, je débarquais à Los Angeles portant mon rêve à bout de bras…