lundi 27 mars 2017

Une nouvelle vassalité – André Bellon

Feu (de paille) Pierre Bérégovoy
En 1985, Pierre Bérégovoy, alors ministre de l'Économie et des Finances, vint présenter son action devant le groupe socialiste. Bizarrement, il affirma qu'il fallait au gouvernement beaucoup de courage pour conduire une politique contraire à ce que souhaitaient les électeurs de gauche. Sa déclaration n'est pas à traiter par l'ironie. Au-delà de la définition absurde d'un courage qui consiste à aider le plus fort, cette prise de position est la manifestation d'une inversion fondamentale du discours républicain : le courage se définirait donc par le fait de s'opposer à son peuple et à ceux qui le représentent.
D'une certaine façon, le virage économique pris en 1983 eut pour conséquence naturelle la déconsidération de la volonté populaire. On pouvait dès lors raconter n'importe quoi, la légitimité étant largement indéfinie ou procédant d'un ailleurs non maîtrisable. En toute hypothèse, le concept de souveraineté populaire était dès lors à inscrire sur la liste des idées caduques.
(…)

Le discours qu'il [Mitterrand] construisit en 1988 était fondé sur deux piliers, toujours d'actualité, et censés rassembler une large majorité de Français : réconcilier la gauche et l'entreprise, construire l'Europe dans le cadre de la mondialisation. (...)