Ces gaillards-là n’étaient pas bien sérieux, au fond. Ce
n’étaient pas des colonisateurs (…) C’étaient des conquérants, et pour cela, on
n’a besoin que de la force brute – il n’y a pas de quoi se vanter quand on l’a,
puisque votre force n’est qu’un accident causé par la faiblesse d’autrui. Ils
faisaient main basse sur tout ce qui trainait, par principe. Ce n’était que du
vol à main armée, du meurtre qualifié à grande échelle, et les hommes s’y
livraient les yeux fermés, comme il sied tout à fait à des gens qui s’attaquent
à une contrée des ténèbres. La conquête de la planète, qui signifie pour l’essentiel
qu’on l’arrache à ceux qui n’ont pas le même teint, ou bien ont le nez un peu
plus camus que nous, n’est pas un joli spectacle, si l’on y regarde de trop
près.
Chapitre I